J’ai l’impression de vivre le même voyage deux fois. Non, pas le même voyage en fait. Car mon regard a changé, j’ai changé. Je pose des yeux, non pas neufs, mais usés, différents, aguerris peut-être aussi, sur ce pays. Ce n’est plus de la découverte, mais de la redécouverte. Ce n’est plus une rencontre, mais des retrouvailles. Mes yeux savent où se poser maintenant, ils ne sont plus effrayés ou surpris face aux caractères ou aux rues chinoises. Ils ne tournent plus dans tous les sens, mais se posent où ils veulent, aux bons endroits. Ils déchiffrent quelques mots, se glissent dans une ruelle pour attraper le reflet du soleil sur la mer ou un passant qui flâne.
Mes mains retrouvent les baguettes sans difficulté et mes doigts choisissent les bons billets dans le portefeuille.
Je retrouve le goût des aliments et des plats. Je retrouve les odeurs des rues, des magasins, du thé, des restaurants, des brochettes.
Je retrouve le bruit incessant de la Chine, ses voitures ou sa musique à toute heure. Je retrouve le bruit de l’ascenseur de l’AF et celui des sonneries de téléphone portable. Je retrouve les sonorités de cette langue fascinante et étrange. Quelques mots se forment sur mes lèvres et s’élèvent.
La Chine. Ce pays reste fascinant, étrange, surprenant, dérangeant. J’ai l’impression d’être plus prête aujourd’hui à affronter et rencontrer ce pays, j’ai l’impression d’être plus calme dans cette rencontre, dans ce face-à-face. Plus de recul, de retenue. J’ai envie de comprendre, j’ai envie de saisir les choses qui m’avaient échappées les premières fois. J’ai envie d’approcher encore plus la vie chinoise, cette culture, ces traditions.
Passées la surprise et l’émerveillement, mon esprit se heurte aujourd’hui à d’autres, à de nouvelles interrogations.
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